SERIGNE AHMADOU MOKHTAR MBACKÉ, GUIDE SPIRITUEL ET DIPLOMATE

La communauté mouride pleure la disparition de Serigne Ahmadou Mokhtar Mbacké, khalife de Darou Khoudoss. Décédé ce vendredi à Dakar à l’âge de 86 ans, il laisse derrière lui un héritage spirituel, intellectuel et économique d’une grande portée.
Né en 1939, Serigne Ahmadou Mokhtar Mbacké était le dernier fils vivant de Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, premier khalife de Cheikh Ahmadou Bamba. À la tête de Darou Khoudoss depuis 2004, il avait succédé à son frère Serigne Khadim Mbacké Moustapha. Son parcours religieux débuta très tôt, avec l’apprentissage du Coran à Darou Rahmane, près de Touba.
Un parcours académique et diplomatique
Titulaire d’une licence en Histoire à l’Université Mohammed V de Rabat et ancien étudiant en Égypte, il alliait savoir religieux et formation moderne. Diplomate de carrière, il représenta le Sénégal comme consul au Koweït, renforçant son rôle de passerelle entre cultures et traditions.
En plus de son rôle à Darou Khoudoss, il assumait le khalifat de Gouy Mbindeu, statut hérité de son rang d’aîné. Cette double charge lui conférait une place singulière dans l’organisation de la famille Mbacké.
Visionnaire, Serigne Ahmadou Mokhtar Mbacké s’illustrait également dans le domaine agro-industriel, à travers des initiatives dans l’agriculture, l’embouche et la transformation. Son action contribuait au développement économique de sa région, conciliant spiritualité et progrès matériel.
Le maître d’œuvre du Magal de Darou Khoudoss
Chaque année, il supervisait l’organisation du « Magal gu Njëk gi », commémoration du rappel à Dieu de Cheikh Ahmadou Bamba. Cet événement, ancré dans le calendrier mouride, témoignait de son engagement à perpétuer la mémoire du fondateur du mouridisme.
Reconnu pour sa rigueur, sa piété et son attachement à la tradition, le khalife de Darou Khoudoss restera une figure marquante du mouridisme. Sa vie, entre érudition, diplomatie et entrepreneuriat, incarne un modèle de service religieux et communautaire.
Toujours soucieux de cohésion et d’ordre, il s’est attaché le sacerdoce de servir le Khalif Général et de le mettre totalement à l’aise par son engagement(avec tout Darou Khoudoss et Gouille Mbinde) au service du guide central avec désintérêt.
Très humble, il était connu pour son dépassement et sa simplicité de sorte qu’on pouvait tout lui demander.
Fervent serviteur du patrimoine”Baity”, il était insatiable à ce sujet. Toute la famille lui témoigne sa gratitude.
Oui, Cheikh Moustapha a laissé à la postérité un programme de vie, un cheminement clair dans l’engagement au Service de la Mouridiyya, une méthode à l’épreuve du temps et une culture de compétence apte à mener à bon port la Société.
À Darou Khoudoss le maître mot c’est suivre la trace initiale quelque soit la position sur la chaîne de commandement.
Son départ laisse un vide profond au sein de la confrérie et parmi les fidèles, au Sénégal comme dans la diaspora. Tous retiennent l’image d’un guide éclairé, soucieux de transmettre la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba.
Jaajeuf Serigne Touba.